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A ceux qui fatigués d'apprendre veulent enfin savoir !

Comment planifier ?

OraUn plan c’est quoi ?

Il faut procéder avec méthode aux échecs comme dans nombre de domaines, il faut avoir un plan, une méthode ! D’ailleurs on peut noter que cette assertion est parallèlement vraie dans la conduite d’une partie mais aussi dans le fait d’organiser sa méthode de travail concernant les échecs. Avec une méthode on gagne en temps et en efficacité. Dans les temps à venir (l’ouvrage est en cours à ce jour de juin 2021) je vous proposerai ma façon d’envisager les choses en ce domaine ; la méthode de travail !

Le mot est lâché « le plan », comment élaborer un plan ? Il est souvent évoqué dans les discussions comme le saint graal : il faut avoir un plan, si on ne veut pas être voué aux gémonies, le corps gisant sur les escaliers Nord-Ouest du Capitole à Rome, un corps ensuite trainé par des crocs jusqu’au Tibre… Bon faut avoir un plan…apparemment c’est mieux ! Mais, un plan c’est quoi et comment en établir un ? D’une façon générale, un plan permet de se repérer dans un lieu afin d’atteindre un objectif. Appliqué à notre noble jeu cela donne quoi ? Commençons par le début, par des choses aussi simples qu’irréfutables. Ce que l’on recherche aux échecs, c’est simple et connu, on recherche le roi et le roi est en face, il faut aller le chercher voilà l’objectif. Il faut donc avancer avec son armée, ses ressources, son matériel, ses pièces, ses pions et dénicher ce satané roi adverse. Tout compte fait ce n’est-pas compliqué, il faut mater (donner échec et mat). Toutefois la notion de plan implique et sous-tend une méthode, un modus operandi. Il faut bien avant d’utiliser le plan, le fabriquer ! Mais c’est quoi ce modus operandi, c’est simple il faut « avancer et rentrer », il faut « choisir » une direction et comme tout terme doit être explicité, il faut entendre par direction, un des trois secteurs de l’échiquier, le centre, l’aile roi l’aile dame.

« Voilà la base ; choisir une direction ! »

On peut le dire autrement avec un autre mot central aux échecs et équivalent « la Stratégie » ; la stratégie aux échecs c’est quoi ? Faites ce que vous voulez mais rentrez…en choisissant une direction (aile roi /centre /aile dame). Voilà pour le plan général ou la stratégie à adopter : choisir une direction et si en cours de route on n’oublie pas c’est encore mieux. Ce n’est pas compliqué et je regrette tout ce temps perdu à chercher et lire des articles plus ou moins abscons sur ce fameux chapitre « Un plan aux échecs c’est quoi ? » « Comment établir un plan ? » etc…Bon si je m’arrêtais là je ne ferais que rejoindre cette longue liste des tentatives obscures. Je me dois de faire mieux. A ce titre il me semble qu’il faut distinguer deux niveaux dans la « construction » (un terme en apparence simple, mais qui mérite quelques éclaircissements et qui sera explicité plus loin) d’un plan, que l’on peut présenter à travers les deux termes de « direction générale » et de « procédure ».

 

« Un plan est une direction générale jalonnée de procédures ?»

 

 

 

La direction

 

La direction (dimension haute, noble) est un projet à long terme qui nécessite avant de se décliner plus en détail, de faire le choix d’une ouverture qui implique une direction, comme je l’ai dit plus haut : « ouvrir une partie » c’est faire un choix entre le centre, l’aile roi ou l’aile dame. Choisir un secteur c’est avoir une intention, (tendre vers), un projet, selon cette direction.

Par exemple

  • Quand on joue 1.c4 on joue une anglaise (à priori car il y a des possibilités de transposition), ok, mais on peut dire aussi (et je le conseille), je veux faire quelque chose sur l’aile dame.
  • Pareil pour 1.f4 le début Bird, mais on peut dire aussi (et je le conseille) je veux faire quelque chose sur l’aile roi, pareil.
  • Idem pour 1.e4 ou 1d4 je veux faire quelque chose au centre !

→ Il faut savoir que ces trois secteurs de jeu ont leur nature propre, ou spécificité dont il ne faut jamais se départir !

Les trois intentions (plans):

  • Sur l’aile roi : intention spectaculaire mais souvent longue.
  • Sur l’aile dame : intention discrète mais bien plus rapide
    • Si l’adversaire laisse faire
    • Mais facilement jugulable
  • Au centre : la voie royale !

Précisons que toutes les parties sont catégorisées, répertoriées, classifiées selon une terminologie qui précise la nature des ouvertures.

  • Les débuts ouverts : Débuts issus de 1.e4 e5 (Jeu actif avec les pièces).
  • Les débuts semi-ouverts : Débuts issus de 1.e4 et autre que e5 pour les Noirs (jeu actif avec les pièces).
  • Les débuts fermés : Débuts issus de 1.d4 d5 (jeu plus positionnel)
  • Les débuts semi-fermés : Débuts issus de 1.d4 autre que d5 (jeu plus positionnel).
  • Les débuts autres ou irréguliers

 

Les différentes ouvertures et défenses et les secteurs de jeu !

  • Sur l’aile roi (Je veux faire quelque chose sur l’aile roi/rentrer sur l’aile roi).
    • Le début Bird 1.f4
    • Le début Larsen 1.b3
    • Le début Grob 1.g4

 

  • Sur l’aile dame (Je veux faire quelque chose sur l’aile dame /rentrer sur l’aile dame).
    • L’anglaise 1.c4
    • Le début Benko 1.g3
    • Le début Orang Outang ou Sokoslki ou Polonais 1.b4
  • Au centre (Je veux faire quelque chose au centre /rentrer au centre).
    • Jouer 1.e4
    • Jouer 1.d4

Toutes ces ouvertures et défenses impliquent des secteurs de jeu (aile roi, centre, aile dame). Elles évolueront au gré des différentes variantes issues elles-mêmes des différents carrefours qui ne manqueront d’arriver. Un carrefour est une bifurcation plus ou moins importante où chaque camp devra faire un choix afin de poursuivre la partie, autant de choix qui sont autant de variantes. Ce principe de choix dans les premiers carrefours détermine des variantes connues répertoriées analysées depuis longtemps, elles portent des noms précis et doivent faire l’objet d’un travail de mémorisation/ compréhension. Prenons conscience que ce principe de choix se perpétue tout au long de la partie et c’est ainsi que se dessinent les sous variantes plus ou moins connues, nommées répertoriées et analysées. Au gré de ce cheminement le plan initial se décline, se particularise de plus en plus et ce travail de mémorisation/compréhension sera identique mais au regard des particularités de chaque sous variante. Quand les variantes et sous variantes sont nommées, les idées (plans dérivés) qui leur sont liées sont connues, il suffit alors de les assimiler. Nous avons affaire donc à un plan initial qui se dérive de plus en plus. Bien évidemment cette succession de variantes aura un terme et elles cesseront de bénéficier d’un nom qui facilite la mémorisation (compréhension) et l’identification des idées qui leur sont propres. Dans ce cas le choix ne portera plus sur une variante répertoriée mais tout simplement sur un coup, une idée. Ce moment est important et correspond au début du milieu de partie. Nous passons peu à peu d’un plan décliné plus ou moins à une succession de procédures. Nous reparlerons plus loin dans l’ouvrage de cette notion de « procédure » qui est fondamentale dans la compréhension de cette notion de plan. Pour l’instant on peut résumer le déroulement d’une partie et du plan suivi par la formule suivante : « Une partie d’échecs est le choix d’une ouverture qui implique un plan (une direction), un plan qui se dérive peu à peu et qui se particularise dans une succession de procédures qui portent les traces du choix initial de l’ouverture ».

Mais avant de continuer quelques précisions sur cette notion de carrefour. Il existe deux types de carrefour.

  • Le carrefour positif est un carrefour où l’on peut procéder à une simplification du travail dans le sens où les différentes variantes possibles, jouables peuvent faire l’objet d’une spécialisation c’est-à-dire que si à un carrefour donné il y a trois possibilités par exemple nous avons la possibilité de ne travailler, de se spécialiser dans une seule variante en occultant les deux autres possibilités. C’est en cela que je parle de carrefour positif (je simplifie le travail).
  • Le carrefour négatif. On aura compris que tout carrefour positif correspond à un carrefour négatif pour l’adversaire, car ce dernier fait face à un problème de taille puisqu’il n’a pas la possibilité de simplifier son travail en écartant certaines variantes ! (A moins d’assumer une impasse sur certaines variantes).

Par exemple dans la Sicilienne, les Noirs au 5è coup ont le choix entre plusieurs coups 5…a6; 5…e6;  5…Dc7;  5…e5 ;  5…g6, donc cinq possibilités.

Position près 5.Cc3

Pour les plus zélés on peut faire le choix de les travailler tous, mais on peut faire le choix aussi de n’en choisir qu’un seul et se spécialiser, c’est le principe du carrefour positif, je me simplifie le travail et j’aurais plus de temps pour aller à l’Opéra. Toutefois ce carrefour positif correspond à un carrefour négatif pour les Blancs qui eux attendent le choix noir et dans ce cas soit ils travaillent les cinq possibilités soit ils n’en travaillent que certaines (les variantes principales par exemple) et assument les désagréments des affres des impasses. Il est à noter que dès le choix noir par exemple 5…g6 (le dragon), ce sont ces derniers qui sont confrontés à la même problématique puisque les Blancs ici au 6è coup ont le choix entre les variantes suivantes, dans l’ordre des variantes les plus jouées vers les moins jouées :

Position après 5…g6

6.Fe3   (Attaque Yougoslave).

6.Fe3   (Sans f3 et grand roque/La variante Harrington Glek).

6.Fe2   (Variante Classique).

6.Fc4

6.f3

6.f4      (La Variante Levenfish)

6.g3     (Variante du Fianchetto).

6.Fg5

6.Fb5

 

Pour résumer, il faudra suivre le plan initial en tenant compte des modifications du plan initial (choix de l’ouverture et de la direction qu’elle implique) qui se concrétisent dans les plans dérivés. Le travail portera sur la prise de conscience des particularités de ces plans dérivés (variantes) qui se complexifient et se particularisent par la suite pour chaque variante dans une succession de procédures. Cette connaissance du plan qui se dérive et des procédures afférentes est cruciale dans la bonne conduite du milieu de partie qui en portera les traces.

 Prenons l’exemple de la défense française, où l’intention principale des deux camps est de jouer au centre !

Au passage cette illustration de la notion de « plan » et de « procédure » via la française, est un exemple de ce qui sera présenté plus loin dans l’ouvrage pour chaque variante de chaque ouverture. Cette entreprise ambitieuse vise aussi par la multiplicité des exemples à mieux saisir les dérivations des plans initiaux et ainsi découvrir comment ils se concrétisent dans les multiples « procédures ». De fait ce mouvement du plan initial vers un plan dérivé lui-même dérivé en procédures est un moment important, une transition cruciale vers le milieu de partie. Cette articulation est de fait le passage obligé vers le milieu de partie. D’ailleurs il constitue systématiquement une source de difficultés pour lesquelles le joueur en cours de formation se retrouve souvent démuni et à ce titre doit être aidé. Il constitue à mes yeux l’un des moments les plus importants dans l’apprentissage du noble jeu.

1.e4 e6

1.e4 les Blancs jouent au centre 1…e6 les noirs répondent au centre avec la volonté de poser la question au pion e4 avec 2…d5. Selon la réponse blanche les Noirs aviseront. Par exemple les Noirs auraient pu jouer 1…e5 dont l’idée est autre, en effet dans ce cas les Noirs se contentent d’égaliser la position.

2.d4 d5

Position après 2…d5

Les Noirs viennent de jouer 2…d5 et interrogent le pion e4. Le premier carrefour important dans la défense française. Il faut noter que c’est un « carrefour positif » pour les Blancs (donc « carrefour négatif » pour les Noirs qui attendent le choix des Blancs). En effet les Blancs ont la possibilité de se spécialiser ici dans une ou plusieurs variantes en occultant les autres.  Les réponses blanches principales sont dans l’ordre des coups les plus joués :

  • Cc3
  • Cd2 la variante Tarrasch
  • e5 la variante d’avance
  • exd5 la variante d’échange
  • D’autre variantes (tout se joue) existent mais de façon relativement anecdotique
    • Fd3
    • Fe3
    • c4

Prenons pour notre illustration, l’exemple de la variante d’avance. Les autres variantes seront développées plus loin dans cet ouvrage puisque chaque variante de chaque ouverture fera l’objet d’une explicitation du même type.

La variante d’avance

La partie prend une tournure très particulière par la chaine de pion qui se fixe au centre ; le plan se dérive. Les Blancs voudront maintenir ce centre puissant et ainsi garder le camp noir confiné. S’ils pouvaient conserver ce centre et jouer f4 et f5 les Blancs obtiendraient une bonne position. L’idée centrale, vitale pour les Noirs est d’attaquer au plus tôt cette chaîne de pions qu’il ne faut pas tolérer trop longtemps sous peine d’étouffement.

D’ailleurs c’est un principe général « ne pas tolérer une chaîne de pions centrale ». Lorsque qu’une chaîne de pions s’instaure il faut absolument la miner, l’attaquer. Pour cela deux méthodes qui peuvent se combiner ; attaquer avec un pion la chaîne de pion à la tête ou à la base.

Dans le cas de la défense française avec la variante d’avance cela passe par 3…c5 qui attaque la base ou par 3…f6 qui s’en prend à la tête. Si nous recapitulons le cas de la française d’avance, le plan initial est de jouer au centre, 1.e4 pour les Blancs 1…e6 pour les Noirs, 2.d4 les Blancs s’emparent du centre, 2…d5 les Noirs interrogent le centre et attendent la décision des Blancs au 3è coup ! Dans l’exemple que nous prenons, à savoir la française d’avance (3.e5) le plan se particularise avec la spécificité d’un centre bloqué. Voir diagramme ci-dessus.

Ce qui donne ensuite la séquence très connue et essentiellement jouée : 1.e4 e6 2.d4 d5 (Les Noirs interrogent le centre) 3.e5 (la française d’avance, les Blancs veulent garder un centre puissant) 3…c5 (Les Noirs attaquent la chaîne à la base) 4.c3 (Les Blancs veulent maintenir leur centre, en soutenant d4 qui soutient e5) 4…Cc6 (Les Noirs se développent et accentuent leur pression sur d4, le point focal en ce début de partie) 5.Cf3 (Les Blancs se développent et protègent d4 et e5) 5… Db6 (Les Noirs se développent et accentuent leur pression dur d4).

Position après 5…Db6

 

Le plan initial était de jouer au centre. Avec la variante d’avance 4.e5 qui constitue le plan dérivé, l’idée est de miner la chaîne de pion figée au centre par 3…c5. Le jeu se focalise sur le pion d4 attaqué trois fois et défendu autant de fois.

Les Blancs au 6è coup doivent faire un choix. Les coups majoritaires étant selon ma base :

  • a3 avec 14350 parties
  • Fe2 avec 6692 parties
  • Fd3 avec 6115 parties

Qu’en est-il des différentes idées liées à ces trois choix ?

6.a3

Les Blancs veulent jouer Fd3 sans craindre Cb4 après la prise …c5xd4 d’où la réponse noire la plus fréquente 6…c4, les noirs ont deux autres possibilités 6…Ch6 et 6…Fd7.

6…c4

 

6…Ch6

 

 

6…Fd7

 

Les Noirs empêchent Fd3 ! Ils joueront grand roque et exploiteront le trou en b3 afin de verrouiller l’aile dame et pouvoir entreprendre une attaque frontale sur l’aile roi.

Afin de jouer Cf5 et exercer une pression sur d4, fixé et isolé après la prise c5xd4.

Les Noirs se développent et empêchent Fd3 sous peine de perte de d4 (le coup Fb5+ qui gagne la dame n’étant plus possible). La séquence sera précisée à la 3è section 6.Fd3.

 

Parties d’illustrations sur 6…c4

Ni,Hua (2533) – Bareev,Evgeny (2721)

Beijing Kings Challenge, 2003

1.e4 e6 2.d4 d5 3.e5 c5 4.c3 Cc6 5.Cf3 Db6 6.a3 (provoque le trou en b3 si caractéristique de la variante) c4 7.Fe2 Fd7 8.Cbd2 Ca5 Les Noirs veulent exploiter le trou en b3 ! 9.Tb1 Ce7 [9…Cb3 10.Cxb3 Fa4 11.Cfd2 Ce7 Les Noirs vont jouer Cc6 et Ca5] 10.0–0 Dc7 empêche la poussée b4 ce qui fragiliserait pour longtemps le point c3! 11.Te1 Cc8 12.Cf1 Cb6 13.Ff4 Cb3

 

Position après 13…Cb3

 

Les noirs exploitent la case b3 en l’occupant. Les pions blancs sont fixés et ne peuvent être utilisés pour ouvrir les lignes sur l’aile dame d’où le grand roque noir où le monarque sera en sécurité. Le seul espoir des Blancs sur l’aile dame, sera la poussée b4, si cela est possible, dans la positive le plus souvent le pion c3 et a3 se retrouvent faibles, ce qui refroidit les Blancs le plus souvent ! Ces derniers pourraient avoir une autre idée sur l’aile roi avec une marée de pions et ouverture de lignes mais n’est-ce pas le secteur de jeu des Noirs qui devraient y avoir plus d’opportunités puisque le roi noir se retrouverait dans ce cas (avec le grand roque) hors de la zone de combat ! Quant au centre, ce sont les blancs eux même qui l’ont fermé. Pour ces diverses raisons il n’est pas étonnant que ce type de position se termine fréquemment par une nulle.

 

14.C3d2 Ca5 15.Cg3 [15.b4 cxb3 16.Cxb3 Fa4 avec un bon avantage noir !] 15…Fa4 16.Dc1 0–0–0 17.Ch5 Rb8 Afin de jouer Tc8 et exploiter la colonne « c » si les Noirs devaient jouer b4. Dans ce cas les Noirs prendraient en passant et exploiter en effet c3 et la colonne « c ». 18.Cf3 Fb3 19.Cd2 Fa4 Les Noirs ne veulent pas donner leur fou contre un cavalier 20.Cf3 Fb3 21.Cd2 ½–½

 

Synthèse Stratégique

  • Les Noirs ont effectué le grand roque avec projet possible d’attaquer sur l’aile roi.
  • Les Blancs ont effectué le petit roque sans entreprendre quoi que ce soit sur l’une des deux ailes.
  • Les Noirs avec la poussée c4 et la maîtrise du trou en b3 ont verrouillé l’aile dame. Le roi y est donc en sécurité.
  • Les Blancs ont peu de perspectives pour ouvrir les lignes
    • Le centre est verrouillé (par eux même)
    • L’aile dame aussi ont vient de le dire
    • L’aile roi est plutôt le domaine des Noirs, le roi blanc y est présent et la poussée des pions blancs serait affaiblissante

 

Une autre partie pour ainsi dire identique

Lintchevski,Daniil (2498) – Andreikin,Dmitry (2635)

RUS-ch U20 Dagomys, 2010

 

1.e4 e6 2.d4 d5 3.e5 c5 4.c3 Cc6 5.Cf3 Db6 6.a3 c4 7.Fe2 Fd7 8.Cbd2 Ca5 9.Tb1 Ce7 10.0–0 Dc7 11.Te1 Cc8 12.Cf1 Cb6 13.Ff4 Cb3 14.C3d2 Ca5 15.Cg3 Fa4 16.Dc1 0–0–0 17.Ch5 Rb8 18.Cf3 Fb3 19.Cd2 Fa4 20.Cf3 Fb3 21.Cd2 Fa4 22.Cf3 Fb3 23.Cd2 ½–½

 

Kurilin,Alexander (2281) – Moiseev,Viktor (2425)

Bogoroditsk, 2013

1.e4 e6 2.d4 d5 3.e5 c5 4.c3 Cc6 5.Cf3 Db6 6.a3 c4 7.Cbd2 Ca5 8.Fe2 Fd7 9.0–0 Ce7 10.Tb1 Dc7 11.Te1 Cc8 12.Cf1 Cb6 13.Ff4 Cb3 14.C3d2 Ca5 15.Cg3 Fa4 16.Dc1 0–0–0 17.Ch5 Rb8 18.Cf3 Fb3 19.Cd2 Fa4 20.Fd1?! Fxd1 Une petite victoire positionnelle car le fou noir était inférieur 21.Dxd1 Fe7

Trait aux Blancs

22.b4? Le fameux b4 si les Blancs veulent ouvrir l’aile dame. Vous pourrez mesurer les dégâts.  22…cxb3 c3 et a3 sont faibles et la case c4 est un boulevard 23.Cxb3 Cac4 24.Fc1 g6 25.Cf4 Tc8 26.Df3 Cxa3 27.Fxa3 Fxa3 Les Blancs commencent à perdre les pions faibles, la question est de savoir si les colonnes ouvertes compenseront ces pertes matérielles ? En effet les Blancs ont du jeu mais il faut noter que depuis b4 Stockfish donne un avantage noir ! 28.Ce2 Cc4 29.Cf4 Cb6 30.Ce2 Thf8 31.Ca5 Fe7 32.Dh3 h5 33.Tb5 h4 34.Teb1 g5 35.T5b3 f5 36.Dd3 Th8 37.f3 Th6 38.T3b2 g4 39.f4 Thh8 40.Ta2 Dd7 41.Tba1 h3 42.g3 Tc7 43.Dc2 Thc8 44.Cb3 Dans la position finale Stockfish donne un avantage de 3 aux Noirs !!! ½–½

 

Synthèse Stratégique

  • Elle est identique à la première partie analysée Ni,H – Bareev,E.
  • La grande différence est que les Blancs ont tenté la poussée b4 afin d’ouvrir l’aile dame avec une attaque frontale sur le roi noir : mauvais choix stratégique.
  • Les Blancs ont perdu a3, l’attaque a été jugulée et l’évaluation par Stockfish donne un gros avantage noir, aux alentours de 3 points !

 

Cette variante d’avance à la forte propension à la nulle, est confirmée par les statistiques puisque la variante d’avance (3.e5) n’est que le troisième choix blanc.

  • Cc3 avec plus de 163000 parties
  • Cd2 avec plus de 113000 parties
  • e5 avec 66000 parties

6.Fe2

Le coup tranquille qui conserve la protection de d4 par rapport à 6.Fd3, avec le petit roque à suivre. Le prix à payer est que le Fou en e2 n’est pas sur la meilleure diagonale, à savoir la diagonale b1-h7

 

Rendle,Thomas (2253) – Tiller,Bjorn (2380)

West Bromwich, 2003

 

1.e4 e6 2.d4 d5 3.e5 c5 4.c3 Cc6 5.Cf3 Db6 6.Fe2 cxd4 Les Noirs vont prendre d4 comme cible puisqu’il est faible car plus protégeable par un pion. 7.cxd4

 

Position après 7.cxd4

 

Le pion d4 est faible et constitue l’axe d’attaque des Noirs. Toute la suite est liée à l’attaque et à la défense de ce pion.

 

7…Ch6 Les Noirs visent f5 afin de continuer l’attaque sur d4. [7…Cge7] 8.Cc3 Cf5 9.Ca4 Quoi d’autre ? 9…Da5+ 10.Fd2 Fb4 11.Fc3 b5 12.a3 Fxc3+ 13.Cxc3 avec une suite forcée, Stockfish donne une position à peu près égale. 13…b4 14.axb4 Dxb4 15.Fb5 Fd7 16.Fxc6 Fxc6 17.Dd2 0–0 18.0–0 Tfb8 19.Tfb1

 

Position après 19.Tfb1

Avec un léger avantage Noir 19…a5 20.g4 Ce7 21.h4 Fd7 22.h5 Cc6 23.Df4 De7 24.h6 f6 25.Te1 Tf8 26.Dg3 Tab8 27.Ce2 Tb3 28.Ta3 Txa3 29.bxa3 Dxa3 30.hxg7 Rxg7 31.Cf4 fxe5 32.dxe5 Rh8 33.Rg2 De7 34.Th1 Fe8 35.Th6 Cd8 36.g5 Dg7 37.Dh4 Rg8 38.Rg3 Fg6 39.Dg4 Df7 40.Cd4 Ff5 41.Dh4 Fg6 42.f3 Dg7 43.Rg2 Te8 44.Ch5 Fxh5 45.Dxh5 Te7 46.f4 Tf7 47.Dh4 a4 48.g6 Td7 49.f5 exf5 50.e6 Te7 51.Dg5 hxg6 52.Txg6 Dxg6 53.Dxg6+ Tg7 54.Dxg7+ Rxg7 1–0

Synthèse stratégique

 

  • Cette variante avec 6.Fe2 n’est guère plus prometteuse que la variante avec 6.a3 puisque la position après Tfb1 est sensiblement égale avec un léger avantage noir même.
  • Les Blancs n’ont eu de cesse de protéger le pion d4 faible, les Blancs qui réagissent sur autant de coups jette (à juste titre selon moi) la suspicion sur cette variante.
  • Ils se retrouvent même en position passive en fin de variante avec Tfb1 ou même 19.Tab1.
  • Cette variante confirme encore que la française d’avance ne constitue pas le meilleur choix pour les Blancs!

6.Fd3

 

Les Blancs en jouant 7.Fd3 s’emparent de la bonne diagonale b1-h7 (la bonne diagonale). Cependant les Blancs assument les différents choix noirs.

Mais avant de les présenter, on pourrait penser que ce coup est faux car il constitue une auto-interception de d4 qui tombe. La réponse est tactique, d4 bénéficie d’une protection indirecte bien connue 6.Fd3 cxd4 7.cxd4 Cxd4 8.Cxd4 Dxd4 ?? 9.Fb5+ Fd7 10.Fxd7+ ! Rxd7 11.Dxd4 1-0. Toutefois les Noirs en général connaissent cette petite astuce et continuent par 6….Fd7 et les Blancs sont confrontés  alors à deux problèmes, le pion d4 en prise et le Fd3 qui doit jouer afin que la dame protège à nouveau d4.

On pourrait penser avec bonheur (les Blancs garderaient la chaîne de pion intacte et le fou sur la bonne diagonale b1-h7) à c2 mais 7.Fc2 cxd4 8.cxd4 Cb4 Et les Blancs ne peuvent pas conserver leur F de cases blanches Si 9.Fb3 (Les Blancs veulent conserver leur fou) l’avantage noir augmente 9…Da6! [9…Fb5] et les Blancs ont des problèmes, notamment ils ne peuvent pas roquer et ils ont une faiblesse en d3. Si les blancs veulent garder leur fou en d3 la solution existe sur 6….Fd7 7.dxc5 suivi de petit roque. Le prix à payer est que la chaîne de pion (notamment e5) est fragilisée et qu’ils perdent à temps à prendre en c5 alors que les Noirs en profitent pour se développer avec 7…Fxc5.

Sinon la théorie et la pratique donnent deux variantes principales après 6….Fd7.

  • 0-0 une variante avec sacrifice d’un pion (1549 parties dans ma base)
  • dxc5 (1184 parties dans ma base)

 

Les Blancs jouent 7.0-0 (1580 parties)

(714 gains Blancs, 581 gains noirs, 285 nulles)

Position après 0-0

Klauner,Theo (2200) – Jadoul,Michel (2200)

Berlin West, 1980

1.e4 e6 2.d4 d5 3.e5 c5 4.c3 Cc6 5.Cf3 Db6 6.Fd3 Fd7 7.0–0

Position après 7.0-0

 

Les Blancs « gambitent » d4 7…cxd4 8.cxd4 Cxd4 9.Cxd4 Dxd4 10.Cc3 a6 [10…Dxe5?! 11.Te1 Db8 (11…Dd6?! 12.Cb5 Db6 13.Fe3 Da5 14.Fd2÷) 12.Cxd5 Stockfish donne une position relativement égale, mais il faut avoir envie de jouer ce type de position avec un retard de développement noir, une dame noire mal placée et les deux fous Blancs braqués sur le petit roque noir ] 11.De2 Pour tenir e5 et jouer Te1 11…Ce7 12.Rh1 pour jouer f4 et tenir e5 12…Cc6 13.f4 Cb4 14.Td1 Les Blancs avec un pion de moins veulent jouer actif et gagner un temps sur la dame noire 14…Cxd3 15.Txd3 Db6 16.Fe3 Fc5 17.Fxc5 Dxc5 18.f5 Les Noirs n’ont toujours pas roqué  18…d4 [18…0–0 19.f6 ! avec un gros avantage blanc.]

19.b4 L’activité toujours l’activité 19…Dc7 [19…Dxb4 20.Ce4=] 20.Tad1 Td8 21.Ce4 Dxe5 [21…0–0 22.f6+- Dxe5 23.Dg4 g6 24.Txd4 Dc7 25.Dg5 Et mat à suivre !] 22.Txd4 Re7 [22…0–0 23.f6 gxf6 24.Dg4+ Rh8 25.Dh4 Avec un avantage Blanc décisif] 23.Dd2 Dc7 24.Dg5+ Rf8 25.fxe6 Et les Noirs abandonnèrent ce qui apparait comme justifié 1–0

 

 

Synthèse stratégique

 

  • Une variante avec 6.Fd3 et 7.0-0 où les Blancs « gambitent » le pion d4. Evidemment cela donne du jeu aux blancs. Les Noirs d’ailleurs ont perdu la partie sans avoir roqué !
  • A ce titre il est difficile de trouver le moment opportun pour roquer. [18…0–0 ? 19.f6 ! avec un gros avantage blanc.]
  • Une piste pour les Noirs semble intéressante avec le 0-0-0 !

Les Blancs jouent 7.dxc5 (1184 parties)

(578 gains blancs, 370 gains noirs, 236 nulles)

Position après 7.dxc5

Perez Mitjans,Orelvis (2495) – Vigo Allepuz,David (2086)

Sitges, 2013

1.e4 e6 2.d4 d5 3.e5 c5 4.c3 Db6 5.Cf3 Cc6 6.Fd3 Fd7 7.dxc5 Une suite intéressante qui permet de maintenir d’une certaine façon la chaine de pions, notamment e5 ! 7…Fxc5 8.0–0 a5 Pour empêcher b4 et garder le Fc5 sur la bonne diagonale a7-g1. 9.Cbd2 a4 Le Cd2 manque de cases ! 10.b4 force la variante 10…axb3 11.Cxb3

Position après 11.Cxb3

 

11…Fa3 12.Fd2 Cge7 13.Tb1 Dc7 14.Te1 Cg6 La différence dans ce type de position est l’absence du pion d4. Il n’est pas étonnant donc que les Noirs exercent une pression sur e5. 15.De2 0–0 16.h4 Indique bien l’intention des Blancs sur l’aile roi avec gain de temps sur le Cg6 16…Ta4 17.Cbd4! Les Blancs ont un fort cavalier en d4 et s’il est pris comme dans la partie le pion fort en e5 est renforcé.  17…Cxd4 18.cxd4 Il est clair que le jeu des blancs se porte naturellement vers l’aile roi, avec les deux fous braqués sur le petit roque noir, le pion e5 qui empêche la présence d’un cavalier en f6 (grand défenseur du roi noir). 18…Tfa8 19.Fe3 Pour libérer le Cf3 19…Fb4 20.Tec1 Da5 21.Cg5 Cf8 [21…h6 22.Cxf7 Rxf7 23.Dh5 Avec une position gagnante] 22.Dh5 g6 23.Df3 Fe8 24.h5 Tout est naturel ! 24…Ta3 25.h6 Cd7 [25…Txd3 26.Df6 gagne] 26.Fxg6 fxg6 [26…hxg6 27.Tc2+-] 27.Cxe6 Ff7 28.Cg5 Tf8 29.Tc8! Fe6 30.Txf8+ Cxf8 31.Df6 1–0

Synthèse stratégique

 

  • La prise en c5 au 7è coup dxc5 permet une certaine forme du centre malgré l’absence du pion d4.
  • La présence et le maintien du pion e5 permet une attaque sur l’aile roi, d’autant plus que cette variante permet aussi le maintien du fou blanc de cases blanches sur la diagonale d’attaque b1-h7. Même si d’autres idées peuvent intervenir dans d’autres parties l’attaque sur l’aile roi revient fréquemment !
  • L’attaque sur l’aile roi à aussi l’avantage de compenser la mauvaise structure blanche avec deux pions isolés (a3 et c3).

 

Les livres cités ci-dessous (ce ne sont pas les seuls) présentent magnifiquement toutes ces considérations.

  • « Les idées cachées dans les ouvertures d’échecs » Reuben Fine.
  • « Maître contre amateur » Max Euwe.
  • « L’Amateur devient maître » Max Euwe.

Le titre de l’ouvrage de Reuben Fine, évoque, suggère une notion importante ; « la notion d’idées cachées ! » La formule semble anodine mais en dit long sur ce qui se joue de plus sérieux dans le choix d’une ouverture (ou d’une défense). Le propos, la question récurrente est : mais comment construit on un plan ? La question me semble mal posée, on ne « construit » pas un plan, mais on « suit » un plan. C’est comme les grands chemins (et même les petits) dans les forêts les plus profondes, on suit des voies si anciennes qu’on ne sait plus qui les a tracées ! Elles sont le fruit de l’expérience qui à force de tâtonnement trouve le meilleur moyen, le meilleur chemin pour traverser sans encombre la forêt si dangereuse. Aux échecs, c’est pareil on ne construit pas un plan on choisit une direction, les directions comme les chemins existent depuis longtemps, pas de place pour la nouveauté, il y a juste à choisir, surtout dans les ouvertures. Nous venons de le voir dans la présentation des différentes directions sous-jacentes aux ouvertures.

« Choisir une ouverture, c’est choisir une direction une philosophie ! »

Si je devais continuer je dirais, qu’il n’y a pas de place pour la créativité ou l’originalité, il suffit de choisir parmi l’existant c’est tout. Dire : « construire un plan » c’est déjà se tromper. Il n’y a pas à construire mais il y a à choisir parmi ce qui existe déjà. Nous verrons que dans le chapitre suivant « La Procédure » qui est le deuxième terme du plan (Plan = Direction et Procédure(s)), la notion de créativité (construction) est un peu plus pertinente mais elle reste limitée. En effet les procédures sont de plusieurs natures et j’en vois quatre. Les procédures tactiques, les procédures de mat, les procédures en finale, les procédures stratégiques. Cette dernière étant la seule à mon sens à admettre une certaine créativité. Voyez vous de la créativité, de l’imagination qui sous entendrait de construire quelque chose, là où il n’y qu’à identifier de l’existant. Pour parler plus prosaïquement, construit on quelque chose quand on voit un mat de Lolli, quant on joue une finale connue, ou que l’on identifie un clouage ? Tout au plus, ont créé les conditions pour que ce type de procédure advienne, là seulement il y aurait une certaine forme de créativité, de construction.  Je rappelle que seule la notion de procédure stratégique semble plus propice à une vraie décision, une vraie création, un vrai choix qui va orienter plus précisément le choix initial, à savoir la direction générale (Aile roi, centre, aile dame). Mais tout cela sera explicité dans le chapitre qui suit !

La procédure

La procédure est la dimension ouvrière, technique, « basse » mais oh combien importante. Elle repose sur le court terme Comment peut-on prétendre à la dimension haute, noble, stratégique, défendre une idée, une conception, si au bout de dix coups on a perdu toutes ses pièces ? La procédure est l’ensemble des moyens pour atteindre un objectif à court terme. Il me semble qu’il y a parfois confusion ou amalgame entre les notions de procédure et de planification. Si elles sont intimement intriquées, il est nécessaire d’en distinguer la nature de chacune. Il faut établir ce distinguo car tout simplement il m’apparait comme nécessaire, utile et éclairant. Certes les deux notions sont voisines par le fait de vouloir atteindre un « objectif » mais elles sont différentes par nature. La planification vise la direction générale dans laquelle œuvrera un ensemble de procédures alors que la procédure (les suites de procédures devrais je dire) vise le « pourchas » (terme si cher au grand linguiste Claude Hagège, professeur au Collège de France et là où il y a de l’Hagège il y a du talent !) d’un objectif (le plus souvent une suite de procédures et donc d’objectifs) à court terme qui permettra d’obtenir un résultat dans la direction choisie (planification).

« Planifier une stratégie c’est aller de procédures en procédures »

On pourrait et je devrais creuser cet entremêlement de deux notions voisines sans être égales « objectif » et « direction ». On distingue mieux cette nuance voire cette différence dans les séquences à court terme comme les combinaisons tactiques, les séquences de mat, les procédures qui visent un gain en finale, ou un gain stratégique (conquête d’une case forte, d’une colonne, d’un avant-poste ou autre) ! A ce titre certains réduisent « la procédure » à la tactique, au jeu combinatoire, ce qui n’est pas faux, mais elle n’est pas que cela, elle s’applique dans toute action qui vise un gain à court terme qu’il soit matériel ou positionnel, ces procédures s’inscrivant elles même dans une planification (choisir une direction), une vision globale à long terme !

 

« Les procédures sont les moyens d’obtenir un résultat dans la direction choisie »

 

 La procédure tactique

Les procédures tactiques sont très importantes car elles permettent des gains matériel synonymes de victoire à court terme. S’il est important de maîtriser les thèmes tactiques que tout le monde connaît, pour des raisons offensives, il est tout autant nécessaire de maîtriser cet aspect du jeu aussi, pour ne pas en subir les foudres (l’adversaire en général connaît aussi tous ces thèmes tactiques) ! Aux échecs la première des considérations est la question stratégique, mais il faut être vigilant, à l’affût d’une séquence tactique qui peut advenir à tout moment. Dans ce cas il faut être capable de basculer du « stratégique » vers le « tactique ». Il est à noter que dans certains cas, il n’est pas conseillé voire faux de prendre cette direction tactique. On n’a tous connu des séquences, où sous prétexte de gain matériel, notre position se retrouvait tellement désorganisée que l’on rencontrait soit des problèmes, soit la défaite ! Réaliser cette idée c’est perdre la partie pour des questions matérielles mais c’est gagner en expérience. Concernant nos fameuses « procédures » on voit ici qu’employer le terme de plan semble être un terme trop riche et inapproprié pour une simple séquence de coups forcés qui entraine un gain matériel ! Encore une fois, un plan est un projet jalonné de procédures linéaires à caractère tactique, matant, ou stratégique. Il faut ajouter qu’un plan s’élabore et se poursuit contre le plan de l’adversaire, ce qui implique forcément plus ou moins d’adaptations.

Gain matériel correct

Trait aux Blancs

1.Txg7!

Parfois on prend la pièce clouée ! (le plus souvent non) 1…Txg7 2.Tg1! Rg8 [2…Rh7? 3.Txg7+ Rh8 4.Rg2! Les Blancs ont la possibilité d’activer le roi, son homologue étant bloqué ! 4…Fd5+ 5.Rg3 Fe6 6.Rh4 l’idée étant plus précisément d’aller prendre le pion h6 et mater en enlevant la tour. 6…Fa2 7.Rh5 Fe6 8.Tg6+ Rh7 9.Txh6+ Rg8 10.Th8#] 3.Txg7+ Rf8 4.Th7 Re7 5.Txh6 1–0

Gain matériel, mauvaise décision

Trait aux Blancs

Les Noirs menacent mat en deux !

Duchamp,Marcel – Lazard,Frederic

Paris, 1929

44.De5+?

 

Le grand marcel Duchamp pensait capturer du matériel, tour ou cavalier et/ou en même temps sortir son propre roi du réseau de mat !

 

[44.fxg5! Cxg5+ 45.Rh4 Cf3+ 46.Rxh5 avec gain blanc] 44…f6 45.Dxe6 ?? g4+ 0–1

 

La procédure de mat

Tous les tableaux de mat

Dans ce cas encore le terme de plan est inapproprié à mes yeux, un mat n’étant qu’une suite linéaire qu’il suffit d’exécuter, surtout si le joueur connait ses tableaux de Mat !

Voyez l’exemple ci-dessous dans un des tableaux de mat les plus spectaculaire, le mat de Lucena, variante du mat étouffé.

 

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Le Mat étouffé

Trait aux Noirs

Greco,Gioacchino – NN

Etude, 1881

1…Cf2+

 

2.Re1 Cd3+ 3.Rd1 [3.Rf1 Df2#] 3…De1+ 4.Cxe1 Cf2# 

 

La procédure stratégique

Dans le diagramme ci-dessous, la suite blanche avec les 12è et 13è coup, vise la conquête définitive de la case e5 (case forte) !

Geiger,Hans – Brinckmann,Alfred

Rogaska Slatina, 1929

 

1.d4 d5 2.c4 c6 3.cxd5 cxd5 4.Cc3 e6 5.Ff4 Cc6 6.Cf3 Fd6 7.Fxd6 Dxd6 8.e3 f5 Les Noirs autogénèrent un trou (case faible) en e5 9.Fb5 Cf6 10.Ce5 0–0 11.f4 Ce4

 

Trait aux Blancs

12.Fxc6! bxc6 13.Cxe4! fxe4

Les blancs choisissent le bon moment pour prendre les deux seules pièces qui peuvent contester le Ce5 et vous pourrez constater dans la partie la puissance d’un cavalier qui est l’acteur principal de la victoire blanche !

Position après 13…fxe4

On peut noter ici la puissance du Ce5 qui ne peut être chassé. Les deux seules méthodes seraient de donner une qualité ou de contester les deux défenseurs de ce cavalier, les pions f4 et d4.

14.Tc1 Tb8 15.Dd2 Tb6 16.Tc5 Fa6 17.Rf2 g5 18.g3 gxf4 19.gxf4 De7 20.Tg1+ Rh8 21.Tg3 Fb7 22.Rg1 Tb5 23.Dc3 Tc8 24.a4 Tb6 25.Tg2 De8 26.De1 Dh5 27.Cd7 Tb3 28.Tc1 Dh3 29.Ce5 h6 30.Tg3 Dh5 31.Df2 Fa6 32.Dg2 Df5 33.Tg6 Dh5 34.Cf7+ 1–0

→ Cet exemple de procédure montre clairement le type de motivation qui peut générer une décision, une procédure, qui ne souffre aucune ambiguïté, d’où sa linéarité à savoir la conquête de la case e5 !

Bon c’est bien beau mais maintenant qu’on est un peu plus au clair des définitions, nuances et distinctions, on fait comment pour établir un plan, pour prendre une décision planifiée, structurée ?

Avant de vous donner quelques conseils thèmes par thèmes via des positions concrètes qui je l’espère illustrerons au mieux les idées générales. Je vous dois quelques propos liminaires.

Comme dit plus haut jouer une partie, c’est avoir un plan, il faut s’inscrire dans une direction jalonnée de procédures. On retrouve cette idée dans le symbole ∆ « les Blancs ont l’intention de jouer telle suite de coups », ▲ « les Noirs ont l’intention de jouer telle suite de coups ».

« Le joueur débutant va de coup en coup, le joueur confirmé va de procédure en procédure »

Une fois la direction clairement établie, comment choisir la et les procédures (séquences de coups). Ces dernières se font selon des paramètres précis, connus, cartographiés. Il faut connaître et s’approprier cette cartographie qu’elle soit celle des thèmes tactiques, des thèmes stratégiques et des thèmes de mat (Tableaux de Mat). On voit bien ici la même appartenance sémantique, on n’est bien dans la même famille de pensée. Un plan, une carte c’est indispensable dans toute balade en montagne ou en forêt.

La cartographie stratégique (liste non exhaustive)

  • La colonne ouverte
  • La colonne semi ouverte
  • La case forte
  • La case faible
  • La case assimilée forte
  • La case assimilée faible
  • La capacité à créer un pion passé
  • La rentrée sur la 7è (2è)
  • La rentrée sur la 8è (1ère)
  • La capacité à créer des faiblesses structurelles (atteinte de la structure de l’adversaire)
  • Les paramètres positionnels suivants
    • Désorganiser les pièces adverses
    • Confiner les pièces adverses
    • Exploiter une pièce hors-jeu ou mal placée
    • Exploiter le roi au centre
    • Prendre l’initiative
    • Organiser ses pièces
    • Réorganiser ses pièces
    • Prendre ou empêcher l’adversaire de prendre de l’espace (les pions qui avancent).

La cartographie tactique

La cartographie des mats (Tableaux de mat)

→ Il est à noter que dans une partie réelle, la décision se prend soit par un élément de la cartographie tactique, stratégique, un mat ou tableau de mat, mais souvent aussi par une combinaison, plus ou moins complexe de ces éléments !

→ L’allégorie de l’alpiniste ! Progresser dans sa partie c’est aller de point stratégique ou tactique en point stratégique ou tactique, tel l’alpiniste qui doit progresser de piton assuré en piton assuré sous

peine de stagnation et donc de difficultés ! Rappelez vous toutes vos parties où vous aviez du mal à justifier vos choix, à savoir à quoi vous vous raccrochiez pour prendre une décision, jouer un coup !!

La question de la ligne théorique.

Cette expression revient régulièrement dans les discussions sur la théorie des débuts. Qu’en n’est-il exactement ? Cette expression est pertinente mais nécessite quelques éclaircissements. Pour mieux comprendre la réalité, prenons l’exemple de la ligne théorique dans le dragon variante de la sicilienne.

Après la position carrefour du début

1.e4 c5 2.Cf3 d6 3.d4 cxd4 4.Cxd4 Cf6 5.Cc3 g6

Le Dragon

Dans la position ci-dessus nous avons un premier carrefour où les Blancs doivent faire un choix parmi plusieurs possibilités principales, avec quelques transpositions à surveiller !

 

 

Les majoritaires

6.Fe3 L’attaque Yougoslave

6.Fe2 La variante classique

 

Les secondaires

6.Fc4

6.Fe2 6…Fg7 7.Fe3 0–0 8.Dd2 Cc6 9.0–0–0 La variante Harrington Glek

6.f4 La variante Levenfish

6.g3 La variante du fianchetto roi

6.Fg5

 

 

La notion de carrefour.

Dans cet exemple du dragon, on arrive à un carrefour positif pour les Blancs dans le sens où ces derniers ont un choix à faire parmi un grand nombre de coup. En matière d’organisation du travail l’avantage du carrefour positif est que l’on peut faire l’impasse sur certaines variantes et se spécialiser sur une ou deux possibilités en rejetant les autres, afin de réduire la masse de travail. Evidemment on peut faire le choix d’une seule variante. S’il y a un carrefour positif pour les Blancs au 6è coup ce « croisement » est de fait un carrefour négatif pour les Noirs qui sont condamnés à attendre le choix des Blancs. Cette contrainte oblige les Noirs à s’organiser en terme de préparation. L’attitude sérieuse serait de travailler chaque variante blanche ou faire le choix de certaines impasses et assumer si les Blancs les empruntent ! Lorsque ces derniers ont fait leur choix, « la ligne théorique » se poursuit vers d’autres carrefours positifs pour l’un et négatifs pour l’autre. En fin de ligne on finira par jouer la partie du jour. Pour synthétiser on peut dire que la « ligne théorique » est la suite élue après une succession de carrefours qui sont autant de ligne théorique possible ! Au passage on peut mesurer à quel point la préparation théorique sérieuse nécessite du travail et de l’investissement.

La question des coups candidats.

Cette question fait référence à la « Théorie des coups candidats », qui est une grande formule pour dire simplement » Méthode pour prendre une décision aux échecs ». Pour la pratique correcte d’une partie, il faudra développer au mieux cette « méthode ». Avant de continuer et pour les novices, il ne faut pas oublier que si « on touche on doit jouer » ce qui implique que toute décision doit faire l’objet d’un choix vérifié ! Lors de la prise de décision (jouer un coup) plusieurs possibilités s’offrent au joueur. Par exemple trois possibilités (Trois coups jouables…) A, B, C, en général et en moyenne guère plus. Bien entendu, l’identification des coups jouables dépendra de l’expérience de chacun. Le plus souvent, et avant la mise en œuvre de la méthode, une préférence intuitive surgira assez rapidement pour tel ou tel coup ! Toutefois il faut vérifier, ici les trois possibilités et prendre une décision (jouer un coup) « vérifiée ». Il faut commencer par le premier coup candidat et calculer la suite logique (la logique interne qui est à découvrir, est aussi claire que féroce. Elle permettra de calculer la ligne…) Si je joue A mon adversaire va répondre et je répondrai à cette réponse etc…la ligne de calcul se dessine et prend fin tôt ou tard. Vous aurez bien compris que cette marche blanche et noire ne manquera d’engendrer une position que l’on devra (mentalement) évaluer. Une estimation en découlera, léger avantage blanc (par exemple). Le travail continue et les coups candidats B et C subiront le même traitement. A la fin de ce processus une décision « sérieuse » sera prise pour un des trois coups candidats issu de la comparaison des trois évaluations.

 

Comment choisir les coups candidats ?

Comme précisé plus haut, le choix se fera selon l’expérience de chacun. Sinon ces coups sont sélectionnés par rapport à des critères stratégiques connus et cités plus haut. Ci-dessous je vous donne quelques exemples illustrant cette problématique !

Trait aux Noirs

Duchamp,Marcel – Seitz,Jakob Adolf

Paris, 1929

1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cf3 c5 4.e3 d5 5.cxd5 exd5 6.Dc2 Db6 7.Cc3 Fd7 8.Fe2 Fe7 9.0–0 0–0 10.Cg5 g6 11.dxc5 Dxc5 12.Fd3 Cc6 13.De2 Tae8 14.Cf3 Fd6 15.Cb5 Fb8 16.a3 De7 17.Fd2 Ce4 18.Fc3 Cxc3 19.Cxc3

Trait aux Noirs

Que joueriez vous ?

19…d4 Le coup joué dans la partie 20.Cd5 [20.exd4 Cxd4 21.Dxe7 Cxf3+ 22.gxf3 Txe7 avec un bon avantage noir, avec la paire fous, la colonne « e » et une meilleure structure] 20…Dd6 21.e4 Fg4 22.Tfc1 Ce5 23.Rf1 Cxf3 24.gxf3 Fd7 25.Dd2 Fh3+ 26.Re2 Dxd5 27.Tg1 De5 28.Dh6 Fd7 29.h4 Fb5 30.Tad1 Fxd3+ 31.Txd3 Df6 32.Tg4 Tc8 33.h5 Dg7 34.Dd2 Tfd8 35.hxg6 hxg6 36.f4 Tc6 37.e5 Tdc8 38.Db4 Tc2+ 39.Rf1 Tc1+ 40.Re2 T8c2+ 41.Rf3 Fxe5 42.De7 0–1

 

19…Fg4 20.Cxd5 Dd6 21.Cf4 g5 22.Tad1 Dh6 19…Ce5 20.Cxd5 20…Dd6 21.Cxe5 Dxe5 22.Cf4=

 

19…Dd6 20.Cb5 Df6
     
avec un gros avantage noir et une forte attaque de mat !

 

  Les Noirs semblent avoir une attaque intéressante mais il n’en est rien ! La position est égale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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