Le diagramme ci-dessous montre la structure de pions d’une ouverture bien connue, caractérisée par les pions doublés sur la colonne c. Sur le plan positif, le pion c6 constitue une partie utile de cette structure en protégeant la case centrale d5 qui, sinon, aurait été une case faible. De plus, en reprenant en c6, les Noirs ont ouvert la colonne b qui pourra être utilisée pour exercer une contre pression sur l’aile-Dame ennemie. Sur le plan négatif, le bloc de pion c7, c6 et d6 ne pourra guère avancer sans affaiblir les cases voisines. Il sera difficile d’améliorer la structure de pions d’autant plus que l’échange en c6 laissera une faiblesse potentielle dans le pian a7 isolé et exposé à une attaque. Voyons comment le grand Capablanca exploite ce genre de faiblesses.
Pour évaluer la faiblesse des pions doublés , il est nécessaire de différencier deux cas :
- quand le pion fait partie d’un groupe compact, ils peuvent être défendus plus facilement. Leur faiblesse réside dans leur avance, ne pouvant défendre certaines cases alentour et dans le peu d’utilité du pion le plus arriéré. L’adversaire peut aussi provoquer une rupture pour dissocier les pions par la poussée d5 (diag.1).
- quand les pions sont doublés et isolés : sans l’appui d’autres pions sur les colonnes voisines pour les appuyer. Ils sont plus difficiles à défendre qu’un simple pion isolé, le plus avancé ne peut recevoir de l’aide de l’arrière, la colonne étant obstruée par son compagnon.
diag. 1
Capablanca, J. – Janowski, D. 1914
Polugaevski, L. – Zaitsev, A. 1969
Pions doublés et isolés
Zaitsev reste avec les pions doublés sur la colonne c. Les Blancs ont clairement un avantage d’espace mais le pion c est bien défendu et gardant un œil sur la case d5. Le problème des Noirs est inhérent aux pions doublés : leur mobilité limitée, en avançant … c5 ou … d5, la position noire devient poreuse. Les pions doublés sont forts quand ils sont à leur position initiale. Leur avance est périlleuse. Elle doit donc être préparée car elle et va causer des faiblesses sur les cases voisines.
Botvinnik,M. – Panov,V. 1939
Botvinnik,M. – Kan,I. 1939
Smyslov,V. – Uhlmann,W. 1966
Les Avantages des Pions Doublés
Dans la majorité des cas, les pions doublés sont une faiblesse, mais dans certaines situations cette faiblesse est insignifiante. La création des pions doublés, résultant de l’échange de pion aura comme autre conséquence l’ouverture d’une colonne adjacente et offrira en compensation des possibilités d’attaque qui pourront peuvent l’emporter sur la faiblesse des pions. Dans la partie Perunovic – Brkic, les Noirs ne peuvent échanger immédiatement le Fou contre le Cavalier pour doubler les pions blancs car l’ouverture de la colonne f permettrait l’attaque du pion f7.
Si le pions doublés ne sont pas poussés inconsidérément, ils ne sont pas une proie si facile, ils peuvent conserver leur stabilité et leur fermeté statiques. De même les faiblesses qu’ils occasionnent autour d’eux ne peuvent pas toujours être exploitées de manière violente par l’adversaire. Dans la partie Spassky – Kortschnoj, les Blancs acceptent les pions doublés trouvant une compensation des dommages causés à la structure de pions dans la pression exercée sur la colonne b ouverte et sur la grande diagonale h1-a8 et dans un centre de pions flexible.
Perunovic, M. – Brkic, A. 2010
Anand, V. – Karpov, A. 1991
Spassky, B. – Kortschnoj, V. 1977
Keres, P. – Reshevsky, S. 1963
Anand, comme Smyslov, dans sa partie contre Karpov, utilise une manœuvre similaire qui va lui permettre, en outre de chasser une pièce ennemie d’une case forte.
Les Pion Doublés doivent rester unis |
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Les pions doublés comme nous l’avons vu dans les exemples précédents ne sont pas toujours faibles particulièrement quand ils restent unis. Le joueur qui les possède doit, cependant, veiller à leur défense correcte et les maintenir liés. La compensation à la création de pions doublés est le plus souvent la paire de Fous, le joueur avec une telle structure de pions doit éviter d’échanger les pièces et d’entrer en finale, la finale accroît la faiblesse des pions doublés et isolés. L’adversaire, lui devra provoquer la rupture pour désagréger le bloc de pion. | Vitaly Tseshkovsky dans sa partie contre le tout jeune Kasparov par une poussée sacrifice de pion centrale réalise la rupture du bloc de pion, cette fois-ci situé à l’aile-Roi :18. d5! La case d5, non protégée par un pion blanc, serait un excellent avant-poste pour le Cavalier noir. L’avance d5 provoquant l’échange de pion laissera la case occupée moins efficacement par un pion noir. Cette poussée, également, active les pièces blanches. | ||||||||||
Simagin, V. – Keres, P. 1963 |
. Boleslavsky Fine,R. 1945 | Tseshkovsky, V. – Kasparov, G. 1978 |
Nimzowitsch, A. – Johner, H. 1931 |
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Voyons comment procède Simagin dans sa partie contre Paul Keres : 9. e5!Dans la même configuration de pions, la rupture pourrait s’effectuer au moyen de la poussée 11. c5 ce que réalise Boleslavsky dans sa partie contre Reuben Fine, l’auteur de l’incontournable Les Idées Cachées dans les Ouvertures d’Échecs. |
Quand le bloc de pions doublés n’a pas encore bougé, il peut être relativement solide. Qu’il avance ne serait-ce que d’une rangée vers l’avant et la position devient fragile et pourra être plus facilement attaquée par l’ennemi. Dans la partie Nimzowitsch, A. – Johner, H. les Noirs ont joué l’ouverture superficiellement, développant la Cavalier de la Reine trop rapidement permettant les pions doublés sur la colonne c. La cible pour les Blancs est le pion c5. Un pion doublé sur la cinquième rangée est une cible facile et vulnérable.
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