Le Championnat du monde d’échecs 2013 est un match d’échecs, organisé par la Fédération internationale des échecs, qui oppose à Chennai, en Inde, du 7 au 28 novembre 20131, le champion du monde en titre, l’Indien Viswanathan Anand à son challenger, le Norvégien Magnus Carlsen, vainqueur du tournoi des candidats organisé à Londres du 15 mars au . Il se conclut par la victoire de Carlsen (6,5 à 3,5) qui devient le nouveau champion du monde2.
Désignation des participants
Le champion du monde en titre, Viswanathan Anand
L’Indien Viswanathan Anand est champion du monde FIDE entre 2000 et 2002, et champion du monde (titre unifié) en 2007, en remportant le tournoi, organisé à Mexico, devant l’Israélien Boris Guelfand et le Russe Vladimir Kramnik, champion du monde en titre. Il a depuis défendu à trois reprises son titre, contre le Russe Vladimir Kramnik en 2008, contre le Bulgare Veselin Topalov en 2010, et contre l’Israélien Boris Guelfand en 2012. Il est à ce titre qualifié pour défendre à nouveau son titre contre le vainqueur du tournoi des candidats de 2013.
Le Tournoi des Candidats 2013
Organisation
Le challenger de Viswanathan Anand est le vainqueur du tournoi des candidats organisé du 15 mars au 1er avril 2013 à Londres, à l’IET (Institution of Engineering and Technology (en)).
Il s’agit d’un tournoi à deux tours (les joueurs s’affrontent deux fois) réunissant 8 joueurs :
- le Norvégien Magnus Carlsen, numéro 1 mondial (2872) et détenteur du classement Elo le plus élevé de l’Histoire ;
- le Russe Vladimir Kramnik, numéro 2 mondial (2810) et ancien champion du monde de 2000 à 2007 ;
- l’Arménien Levon Aronian, numéro 3 mondial (2809) ;
- l’Azerbaïdjanais Teimour Radjabov, numéro 4 mondial (2793) ;
- le Russe Aleksandr Grichtchouk, numéro 10 mondial (2764) ;
- l’Ukrainien Vassili Ivantchouk, numéro 13 mondial (2757) ;
- le Russe Peter Svidler, numéro 14 mondial (2747) ;
- l’Israélien Boris Guelfand, numéro 18 mondial (2740) et finaliste du Championnat du monde d’échecs 2012.
Boris Guelfand est qualifié en tant que finaliste du dernier championnat du monde.
Peter Svidler, Aleksandr Grichtchouk et Vassili Ivantchouk sont qualifiés en tant que vainqueur, finaliste et troisième de la Coupe du monde d’échecs 2011 organisée à Khanty-Mansiïsk (Russie).
Magnus Carlsen, Vladimir Kramnik et Levon Aronian sont qualifiés en tant que trois premiers joueurs au classement Elo. Teimour Radjabov est qualifié en tant que bénéficiaire d’une wild card octroyée par le sponsor principal de l’événement, la compagnie SOCAR, la compagnie nationale pétrolière et gazière d’Azerbaïdjan.
Classement et tableau du tournoi
Place | Participant | Elo (mars 2013) |
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | Points | Départagen 1 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1er | Magnus Carlsen (NOR) | 2872 | * * | ½ ½ | 1 0 | ½ ½ | 1 1 | 1 ½ | ½ 0 | ½ 1 | 8½ | 5 victoires |
2e | Vladimir Kramnik (RUS) | 2810 | ½ ½ | * * | ½ 1 | ½ 1 | ½ ½ | ½ 1 | ½ 0 | ½ 1 | 8½ | 4 victoires |
3e | Peter Svidler (RUS) | 2747 | 0 1 | ½ 0 | * * | ½ 1 | ½ ½ | ½ ½ | ½ 1 | 1 ½ | 8 | 1½ – ½ |
4e | Levon Aronian (ARM) | 2809 | ½ ½ | ½ 0 | ½ 0 | * * | 1 0 | ½ ½ | 1 1 | 1 1 | 8 | ½ – 1½ |
5e | Boris Guelfand (ISR) | 2740 | 0 0 | ½ ½ | ½ ½ | 0 1 | * * | ½ ½ | ½ ½ | ½ 1 | 6½ | 2 victoires |
6e | Aleksandr Grichtchouk (RUS) | 2764 | 0 ½ | ½ 0 | ½ ½ | ½ ½ | ½ ½ | * * | ½ 1 | ½ ½ | 6½ | 1 victoire |
7e | Vassili Ivantchouk (UKR) | 2757 | ½ 1 | ½ 1 | ½ 0 | 0 0 | ½ ½ | ½ 0 | * * | 0 1 | 6 | |
8e | Teimour Radjabov (AZE) | 2793 | ½ 0 | ½ 0 | 0 ½ | 0 0 | ½ 0 | ½ ½ | 1 0 | * * | 4 |
Appariements et résultats
Le match
Règlement
Le match se déroule à la cadence de 120 minutes pour les 40 premiers coups, 60 minutes pour les 20 coups suivants, puis 15 minutes pour le reste de la partie avec un incrément de 30 secondes par coup à partir du 61e coup. Les propositions de nulle sont interdites avant le 30e coup noir3. Le tirage au sort des couleurs s’est fait le 7 novembre lors de la cérémonie d’ouverture, donnant à Carlsen les blancs à la première ronde. Les couleurs s’alternent par la suite, puis s’inversent lors de la ronde 7 (Carlsen aura alors les noirs à la ronde 6 et 7)3.
Le match se joue au meilleur des 12 parties. Le vainqueur du match est le premier joueur a atteindre 6,5 points (1 point pour une victoire, 1/2 pour une nul, 0 pour une défaite). En cas d’ex æquo, quatre parties semi-rapides à la cadence de 25 minutes et 10 secondes par coup seront jouées. Si au terme de ces parties le score est toujours égal, deux parties rapides de 5 minutes et 3 secondes par coup sont jouées, et une nouvelle série de deux parties est organisée si le score demeure égal. Finalement, une partie de « mort subite » où les Blancs disposent de 5 minutes et les Noirs de 4 minutes (avec 3 secondes par coup à partir du 61e coup) décide du titre. En cas de nulle ou de victoire des Noirs, le joueur ayant les Noirs est déclaré vainqueur1.
Conditions du match
Le match se déroule du 7 au 28 novembre 2013 à l’hôtel Hyatt Regency Chennai (en) à Chennai (anciennement Madras), en Inde, ville de naissance d’Anand4. La ville avait déjà postulé pour l’organisation de la précédente édition en 2012 où Viswanathan Anand affrontait Boris Guelfand mais c’est la candidature de Moscou qui avait été retenue, la Fédération internationale des échecs promettant alors à Chennai l’organisation du match 2013 en cas de victoire d’Anand4. Pour l’édition 2013 Chennai était pourtant en concurrence avec Paris, offrant 2,55 millions d’euros pour cette organisation contre 3,45 millions pour la capitale française mais la FIDE a préféré tenir l’engagement qui avait été pris sur décision de son seul président, Kirsan Ilioumjinov4.
Il s’agit du premier match de championnat du monde où aucun des deux joueurs n’est issu d’un ancien « pays de l’Est5. » Les deux joueurs se trouvent sur une scène éclairée, tandis que le public est dans l’ombre5. Ils en sont séparés par une vitre qui assure l’insonorisation5.
L’arbitrage est dirigé par l’arbitre international arménien Ashot Vardapetyan, déjà arbitre en chef du match pour le Championnat du monde d’échecs 2012 qui avait opposé Anand à Boris Guelfand6.
Style des deux joueurs
Peter Heine Nielsen, ex-secondant d’Anand et de Carlsen, a déclaré : « Magnus préfère les longues parties techniques et Anand les positions plus dynamiques »7.
Lors de la troisième ronde, Garry Kasparov, présent à Chennai, souligne qu’ici « ironiquement, c’est le jeune qui recherche des positions calmes et le vétéran des positions tranchantes8 ! » Il précise aussi que c’est le troisième plus grand écart d’âge des championnats du monde : 22 ans. Pour lui Carlsen cherche des positions calmes mais n’arrive à rien obtenir dans l’ouverture, car Anand propose soit des positions qui engagent un « vif combat », ce qui n’a pas la préférence de son adversaire, soit un jeu calme mais où Carlsen ne peut prendre l’avantage8. À la ronde 8, il expliquera qu’il lui semble presque impossible de gagner avec un petit avantage contre Carlsen dans une position calme et qu’il faut contre lui rechercher le « chaos »9.
Le magazine Télérama a décrit Carlsen comme « un boa » qui « prend son temps et entoure lentement sa proie en l’étouffant10. »
Secondants
Anand a dévoilé lors de la conférence de presse les noms de ses secondants3. Il s’agit des grands maîtres internationaux : Péter Lékó, Radosław Wojtaszek, Krishnan Sasikiran et Chanda Sandipan. Magnus Carlsen l’a remercié pour cette information mais n’a pas révélé le nom des siens3. Europe Échecs émet l’hypothèse que parmi les secondants de Carlsen se trouvent Laurent Fressinet et Jon Ludvig Hammer11.
Résultats par ronde
Partie | Date | Anand | Carlsen | Ouverture (Code ECO) |
Nombre de coups |
Score |
---|---|---|---|---|---|---|
1 | 9 novembre | ½ | ½ | Néo-Grünfeld12 (D7813) |
16 | Égalité 0,5 – 0,5 |
2 | 10 novembre | ½ | ½ | Défense Caro-Kann14 (B1915) |
25 | Égalité 1 – 1 |
3 | 12 novembre | ½ | ½ | Début Réti (A0716) |
51 | Égalité 1,5 – 1,5 |
4 | 13 novembre | ½ | ½ | Partie espagnole, défense berlinoise (C67) |
64 | Égalité 2 – 2 |
5 | 15 novembre | 0 | 1 | Défense semi-slave (D31) |
58 | Carlsen mène 3 – 2 |
6 | 16 novembre | 0 | 1 | Partie espagnole, défense berlinoise (C65) |
67 | Carlsen mène 4 – 2 |
7 | 18 novembre | ½ | ½ | Partie espagnole, défense berlinoise (C65) |
32 | Carlsen mène 4,5 – 2,5 |
8 | 19 novembre | ½ | ½ | Partie espagnole, défense berlinoise (C67) |
33 | Carlsen mène 5 – 3 |
9 | 21 novembre | 0 | 1 | Défense nimzo-indienne (E20) |
28 | Carlsen mène 6 – 3 |
10 | 22 novembre | ½ | ½ | Défense sicilienne, variante de Moscou (B51) |
65 | Carlsen gagne 6,5 – 3,5 |
11 | 24 novembre | |||||
12 | 26 novembre |
Les rondes 11 et 12 n’ont pas été jouées, l’avance de Carlsen étant trop grande pour être rattrapée par Anand en deux parties.
Première partie, Carlsen-Anand, ½-½[modifier | modifier le code]
1. Cf3 d5 2. g3 g6 3. Fg2 Fg7 4. d4 c6 5. 0-0 Cf6 6. b3 0-0 7. Fb2 Ff5 8. c4 Cbd7 9. Cc3 dxc4 10. bxc4 Cb6 11. c5 Cc4 12. Fc1 Cd5 13. Db3 Ca5 14. Da3 Cc4 15. Db3 Ca5 16. Da3 Cc4 ½-½
Dans cette première partie, nulle en 16 coups, l’ouverture de Carlsen est qualifiée d’« échec » par le magazine Europe Échecs12. Il semble qu’il ait voulu sortir Anand de la théorie, mais dans ce début Réti transposé dans une néo-Grünfeld, les blancs manquent de perspectives12. Susan Polgar, ancienne championne du monde féminine et commentatrice officielle du match à Chennain 2, déclare sur Twitter avoir vu plus de combat pour entrer dans la salle de presse, entre les 1 000 journalistes accrédités, que sur l’échiquier12. Anand déclare se satisfaire de cette nulle « confortable » obtenue par répétition de coups avec les noirs18.
Deuxième partie, Anand-Carlsen, ½-½
La deuxième ronde se conclut comme la première par une nulle rapide19. Il semble que les deux joueurs aient choisi de rester prudents dans ce début de match14. Viswanathan Anand s’en est excusé, expliquant qu’il avait choisi de privilégier la sécurité dans cette partie où son adversaire semblait mieux préparé, ce que Magnus Carlsen a affirmé comprendre14.
1.e4 c6 Carlsen choisit de jouer la défense Caro-Kann20, ce qui est un peu surprenant de sa part : il est peu familier de cette ouverture, l’ayant jouée pour la dernière fois en 201119. À l’inverse, son adversaire y est habitué, il l’a jouée il y a peu dans une partie victorieuse contre le champion chinois Ding Liren19.
2.d4 d5 3.Cc3 dxe4 4.Cxe4 Ff5 5.Cg3 Fg6 6.h4 h6 7.Cf3 e6 Carlsen sort ainsi de la variante classique14.
8.Ce5 Fh7 9.Fd3 Fxd3 10.Dxd3 Cd7 11.f4 Fb4+ 12.c3 Fe7 Anand s’est déclaré surpris par l’ouverture de son adversaire, jugeant la position après son douzième coup « très vive » et soulignant qu’il ne s’y attendait pas14. C’est à ce moment qu’il lui a fallu décider s’il voulait « voler à l’aveugle » ou rester sur une ligne solide ce qu’il a finalement choisi de faire14.
13.Fd2 Cgf6 14.O-O-O Ce grand roque d’Anand constitue une différence d’avec sa partie contre Ding19.
14…O-O 15.Ce4 Cxe4 16.Dxe4 Cxe5 17.fxe5 Dd5 À ce moment les pendules indiquent 1 h 34 pour l’Indien et 1 h 41 pour le Norvégien, ce qui montre qu’ils n’ont réfléchi que peu de temps, Carlsen se trouvant encore dans sa préparation14.
18.Dxd5 L’acceptation de cet échange des dames proposé par Carlsen provoque la surprise des commentateurs (notamment celle du commentateur officiel Ramachandran Ramesh14) et du public qui s’attendaient à ce qu’Anand préfère jouer 18.Dg4 pour continuer à exercer une pression avec cette pièce19.
18… cxd5 19.h5 b5 20.Th3 a5 21.Tf1 Tac8 22.Tg3 Rh7 23.Tgf3 Rg8 24.Tg3 Rh7 25.Tgf3 Rg8 ½-½
Troisième partie, Carlsen-Anand, ½-½[modifier | modifier le code]
- 1. Cf3 d5 2. g3 g6 3. c4 dxc4 4. Da4+ Cc6 5. Fg2 Fg7 6. Cc3 e5 7. Dxc4 Cge7 8. 0-0 0-0 9. d3 h6 10. Fd2 Cd4 11. Cxd4 exd4 12. Ce4 c6 13. Fb4 Fe6 14. Dc1 Fd5 15. a4 b6 16. Fxe7 Dxe7 17. a5 Tab8 18. Te1 Tfc8 19. axb6 axb6 20. Df4 Td8 21. h4 Rh7 22. Cd2 Fe5 23. Dg4 h5 24. Dh3 Fe6 25. Dh1 c5 26. Ce4 Rg7 27. Cg5 b5 28. e3 dxe3 29. Txe3 Fd4 30. Te2 c4 31. Cxe6+ fxe6 32. Fe4 cxd3 33. Td2 Db4?
- Garry Kasparov a indiqué que 33…Tf8 34. Fxd3 Dd6 était bien meilleur21. Il pouvait suivre 35. Dg2 Txf2 36. Txf2 Tf8 37. Taf1 Fxf2+ 38. Txf2 Txf2 39. Dxf2 Dxd3 avec un net avantage noir22.
- 34. Tad1 Fxb2 35. Df3 Ff6 36. Txd3 Txd3 37. Txd3 Td8 38. Txd8 Fxd8 39. Fd3 Dd4 40. Fxb5 Df6 41. Db7+ Fe7 42. Rg2 g5 43. hxg5 Dxg5 44. Fc4 h4 45. Dc7 hxg3 46. Dxg3 e5 47. Rf3 Dxg3+ 48. fxg3 Fc5 49. Re4 Fd4 50. Rf5 Ff2 51. Rxe5 Fxg3+ ½-½
- 1. e4 e5 Ce début ouvert provoque les applaudissements du public, qui, après trois parties nulles, espère « de l’action5. »
2. Cf3 Cc6 3. Fb5 Cf6 Les joueurs entrent dans une défense berlinoise5. Il s’agit d’une défense que Carlsen apprécie depuis longtemps, qui est aussi jouée par Laurent Fressinet, joueur soupçonné de faire partie de l’équipe de secondants de Carlsen23. 4. 0-0 Cxe4 5. d4 Cd6 6. Fxc6 dxc6 7. dxe5 Cf5 8. Dxd8+ Rxd8 C’est la ligne principale de la variante, les Noirs ne peuvent plus roquer et les Blancs leur ont infligé des pions doublés24. Après l’échange des dames, les Blancs ont un avantage d’espace, tandis que les Noirs, menés par Carlsen, disposent de la paire de fous5. Il est néanmoins difficile de dire quel camp a l’avantage5.
9. h3 Fd7 10. Td1 Fe7 Ce coups est rarement joué, mais Carlsen le joue rapidement, ce qui semble indiquer sa bonne préparation24. 11. Cc3 Rc8 Par rapport à la variante d’échange de la partie espagnole, « le fou de cases blanches des Noirs est bien plus fort, leur cavalier a plus d’espace et, en même temps, la force du fou de cases noires des Blancs est limitée25 ».
12. Fg5 h6 13. Fxe7 Cxe7 Par cet échange, Carlsen perd sa paire de fous5.
14. Td2 c5 15. Tad1 Fe6 Carlsen joue ce coup a tempo. 16. Ce1 Cg6 Les Blancs contrôlent la colonne D mais n’y ont aucune case de pénétration5. Le coup 16.Ce1, d’après Boris Guelfand, est une façon pour Anand de jouer de manière ambitieuse, mais il perd du temps et surestime peut-être sa position23.
17. Cd3 b6 18. Ce2 Fxa2 Le 16e coups des blancs, Ce1, tout comme ce 18e coup, Ce2, montre qu’Anand est dans sa préparation23. Il s’agit d’une rareté : un coup tactique dans une défense d’ordinaire stratégique26. Anand sacrifie un pion, espérant enfermer le fou de son adversaire5. Le fou ne sera pas capturé, mais sa position l’empêche de jouer pendant plusieurs coups24.
19. b3 c4 20. Cdc1 cxb3 21. cxb3 Fb1 Magnus Carlsen a sauvé son fou tout en se débarrassant du pion doublé5.
22. f4 Rb7 23. Cc3 Ff5 24. g4 Fc8 Les blancs obtiennent des compensations à leur pion de moins en avançant leur majorité à l’aile roi24. Cela ne semble néanmoins pas inquiéter Carlsen : le sacrifice de Viswanathan Anand n’a pas été fructueux les Blancs vont pouvoir activer leurs pièces5.
Magnus Carlsen en 2013 dans un autre tournoi. Télérama écrit à propos de cette partie : « Il se tient dans une position un peu déhanchée, pas vraiment élégante, mais tellement nonchalante. En trois mots : il est cool5. »
25. Cd3 Selon Boris Guelfand, les Blancs jouissent d’une meilleure coordination des pièces, ce qui compense leur pion de moins, mais les chances de gain de Carlsen existent réellement et il faudrait « un miracle » pour sauver Anand23. Susan Polgar souligne le « langage corporel » de Carlsen, très différent de la partie de la veille, indique qu’il est très à l’aise, tout comme la rapidité qu’il a à jouer les coups23.
25… h5 26. f5 Ce7 27. Cb5 hxg4 Il a fallu vingt minutes de réflexion à Carlsen pour jouer ce coup23. 28. hxg4 Th4 29. Cf2 Cc6 30. Tc2 a5 31. Tc4 g6 La partie dure depuis plus de trois heures. Anand ne doit pas se contenter de défendre sinon il est probable qu’il perde5.
32. Tdc1 Fd7 33. e6 fxe6 34. fxe6 Fe8 35. Ce4 C’est une excellent coup pour Anand, qui lui permet d’ouvrir la colonne sur le roi adverse et égalise cette position très compliquée. 35… Txg4+ 36. Rf2 Tf4+ 37. Re3 Tf8 Par ce coup, Carlsen, qui avait l’avantage, relâche la pression sur son adversaire5. Les logiciels d’analyse lui préfèrent 37… g523.
38. Cd4 Cxd4 39. Txc7+ Ra6 40. Rxd4 Td8+ Ce coup annihile l’avantage des Noirs23. Selon Natalia Pogonina, la compensation qu’a Anand pour le pion de moins est bonne, d’autant qu’il sait à merveille se servir de ses cavaliers23. 41. Rc3 Tf3+ 42. Rb2 Te3 43. Tc8 Tdd3 Les noirs viennent de proposer nulle. La partie dure depuis quatre heures. Carlsen refuse la nulle voulant probablement, comme l’analyse Susan Polgar, tenter de « transformer cette position dont personne ne ferait rien en victoire5. » Néanmoins la force des tours d’Anand laisse penser que la partie finira sur une nulle, il est donc aussi possible que Carlsen cherche à user son adversaire en prévision des autres parties du match5 : « fatiguer son adversaire en vue des prochaines parties ne coûte rien23. »
44. Ta8+ Rb7 45. Txe8 Txe4 46. e7 Tg3 47. Tc3 Te2+ 48. Tc2 Tee3 49. Ra2 g5 50. Td2 Te5 Selon Natalia Pogonina, les joueurs doivent avoir des nerfs solides dans cette position : la partie n’est pas loin d’être nulle mais il n’y a « aucune ligne forcée23. » 51. Td7+ Rc6 52. Ted8 Tge3 53. Td6+ Rb7 54. T8d7+ Ra6 55. Td5 Te2+ 56. Ra3 Te6 57. Td8 g4 58. Tg5 Txe7 59. Ta8+ Rb7 60. Tag8 a4 61. Txg4 axb3 62. T8g7 Ra6 63. Txe7 Txe7 64. Rxb3 ½-