Richard Réti, né le à Pezinok, près de Bratislava, et mort le à Prague, est un joueur d’échecs, né hongrois, puis devenu, comme sa région d’origine, tchécoslovaque après la Première Guerre mondiale. Réti est l’un des meilleurs joueurs des années 1910 à 1920, et, avec Gyula Breyer, l’un des fondateurs de l’école hypermoderne.
Le père de Richard Réti était un médecin juif hongrois qui éleva son fils avec une préceptrice française. En 1890, la famille vient à Vienne, où Réti, après être sorti du Gymnasium, commence à étudier les mathématiques1. Toutefois, il consacre bientôt plus de temps au jeu d’échecs qu’à ses études. Au Café Central de Vienne, il en vient à oublier son travail universitaire et abandonne définitivement les mathématiques pour devenir joueur d’échecs professionnel.
« Réti étudie les mathématiques sans être un mathématicien borné, il représente Vienne sans être viennois, de naissance c’est un Vieux-Hongrois sans qu’il puisse parler hongrois, il répond avec une rapidité extraordinaire, mais agit avec d’autant plus de réflexion, et avec cela il devient le meilleur joueur d’échecs sans être champion du monde. C’est un artiste de la recherche qui s’occupe plus du pourquoi des choses que de leur essence. »
Contrairement à d’autres maîtres des échecs, Réti n’était nullement un enfant prodige, malgré son talent indiscutable, et il dut beaucoup travailler pour obtenir les résultats qu’il eut par la suite. C’est en apprenant par lui-même et en pratiquant qu’il accrut considérablement ses capacités de jeu entre 1908 et 1912. Dans son premier tournoi international (Vienne, 1908), il ne put faire que 3 parties nulles sur 19, la deuxième fois il obtint 5,5 points sur 10. Les années suivantes, il noue une amitié étroite avec un joueur très doué, Gyula Breyer, qui devait plus tard être avec lui un des champions de l’école hypermoderne.
Pendant la Première Guerre mondiale, la vie échiquéenne s’arrête sur le plan international et Réti ne participe qu’à des tournois locaux. Après la guerre, il s’installe à Prague. Comme son contemporain Aaron Nimzowitsch, Réti critique la façon dogmatique de jouer des maîtres plus âgés, mais il n’alla pas aussi loin que ce dernier dans son agressivité envers eux (Nimzowitsch se querella publiquement avec Siegbert Tarrasch, théoricien et avocat d’un style plus classique, alors qu’il transparaît dans les écrits de Réti qu’il admirait profondément Tarrasch).
Réti remporte plusieurs tournois : ceux d’Amsterdam et de Göteborg en 1920, celui de Teplitz-Schönau en 1922, de Buenos Aires en 1924 et de Vienne en 1928.
La victoire de Réti contre le champion du monde José Raúl Capablanca, à New York en 1924 — il avait joué l’ouverture qui porte aujourd’hui son nom (1. Cf3 suivi de 2. c4 sans d4) – fut une étape importante dans la propagation des idées modernes dans les échecs. Le début Réti fut beaucoup joué par la suite, et l’idée qui en est à la base : le contrôle indirect du centre, fait partie aujourd’hui du bagage de tout bon joueur d’échecs.
En 1925, Réti établit un record du monde en jouant simultanément 29 parties à l’aveugle, où il obtient un score de (+21 -2 =6) (21 victoires, 2 défaites et 6 parties nulles).
On doit à Réti des apports considérables à la théorie des échecs ; il est l’auteur de plusieurs livres à ce sujet, les ouvrages Les Idées modernes aux échecs (1922) et Les Maîtres de l’échiquier (1930) restent des classiques. Par ailleurs, il a composé des études artistiques remarquables d’élégance. Il aurait affirmé : « Les études sont des positions de fins de partie avec un contenu extraordinaire », et dans cette optique, il considérait Hermann Mattison, un spécialiste des études « à position simple, mais solution très cachée », comme le plus grand « étudiste » de l’histoire.
Le , Richard Réti meurt à Prague de la scarlatine, à l’âge de 40 ans. Ses cendres sont enterrées dans la tombe du père de Réti, le Dr. Samuel Réti, dans la section juive du cimetière Zentralfriedhof à Vienne, dans la section T1, Groupe 51, rang 5, Tombe 34.
Vienne 1910
Réti Tartakower
1. e4 c6 2. d4 d5 3. Cc3 dxe4 4. Cxe4 Cf6 5. Dd3 e5 6. dxe5 Da5+ 7. Fd2 Dxe5 8. O-O-O Cxe4
Trait aux Blancs
9. Dd8+ Rxd8 10. Fg5+ Rc7 11. Fd8#
Dans son Bréviaire des Échecs, le grand-maître Tartakover a eu le panache de reproduire cette partie sous le titre « Un mat splendide ». Il l’accompagne d’intéressants commentaires.
Le sacrifice de Dame effectué par Réti dans cette miniature n’était pas nouveau : il était déjà apparu auparavant, notamment dans une partie de 1886 et dans au moins quatre autres parties. De plus, les circonstances qui accompagnent la partie Réti-Tartakover ne sont pas toutes élucidées : Tartakover avait publié la partie dans son livre Schachmethodik (Berlin, 1929) avec la seule précision : « partie libre » disputée à Vienne en 1910. La partie avait été publiée auparavant en 1910 par Georg Marco à la page 10 du Neues Wiener Tagblatt, du , avec la conclusion : « 10. Fg5+ Abandon ». « La partie fut jouée pour une mise mineure (dix couronnes) et avec une cadence de jeu de 15 coups par heure. »
Trait aux Blancs
Trait aux Blancs
Trait aux Blancs
Trait aux Blancs
Trait aux Blancs
Trait aux Blancs
Trait aux Blancs
Trait aux Blancs
Trait aux Blancs
Trait aux Noirs
Trait aux Noirs