A ceux qui fatigués d'apprendre veulent enfin savoir !
Les Noirs laissent ainsi les pions des Blancs occuper le centre (il suit couramment 2. d4 Fg7), et comptent plutôt miner ce dernier par la suite, en particulier par une percée de pions à l’aile Dame. Cette approche alternative a été préconisée dans les années 1920 par l’école hypermoderne, d’où le nom de défense moderne, alors que les partisans de l’école dite classique (notamment le grand pédagogue Siegbert Tarrasch) préconisaient plutôt l’occupation du centre par les pions.
Dans presque toutes les variantes, les noirs peuvent très souvent transposer dans des positions de la défense Pirc avec …Cf6 mais cet article se concentre sur les autres possibilités puisque tous les détails de la Défense Pirc sont traités dans l’article concerné.
En jouant 4. Cf3 les blancs montrent leur volonté de transposer rapidement dans la variante des deux cavaliers de la défense Pirc. En effet, assez souvent, cette transposition a lieu (les noirs jouant 4…Cf6). D’ailleurs, le coup 4…Cf6 est recommandé par le grand maître Peter Svidler1. Mais les noirs ont d’autres coups à leur disposition : 4…Fg4 et 4…c6.
Le plan des noirs est de mettre sous pression le pion en d4. Dans cette optique, la partie se déroule souvent comme suit : 5.Fe3 Cc6 6.Fe2.
4…c6 est le coup qui, fut un temps, a été recommandé par le grand maître Duncan Suttles2. 5.Fg5 Cf6 transpose dans la défense Pirc.
Ce coup est peu joué car considéré comme douteux. Après 5.dxe5 dxe5 6.Dxd8+ Rxd8 7.Fc4 les blancs ont beaucoup d’initiative, par exemple : 8.Re8 Cd5 ou encore 8.f6 Fe3 suivit du grand roque pour les blancs.
Cette variante est probablement la plus populaire au haut niveau aujourd’hui. Le plan des blancs est de mettre la dame en d2, faire le grand roque, placer le fou de cases noires en h6 pour l’échanger puis attaquer le roi noir avec h4 suivit de h5. Pour lutter contre ce plan, les noirs vont retarder d’avantage la sortie de leur cavalier pour empêcher les blancs de jouer Fh6 plus tard dans la partie. Les différences entre la défense moderne et la défense Pirc se font en particulier remarquer dans cette variante.
Souvent, les noirs vont préparer une poussée de pion à l’aile Dame en jouant …c6 ou …a6. Dans les deux cas, un plan possible pour les blancs est de jouer 5.a4 pour empêcher la poussée …b5. Mais avancer de cette manière les pions à l’aile Dame rend dangereux le grand roque. C’est pour cette raison que, après avoir joué a4, les blancs continuent souvent avec Cf3 suivit de Fe2 et petit roque, en particulier quand les noirs transposent dans la défense Pirc avec …Cf6. De leur côté, les noirs vont chercher à obtenir du jeu au centre en préparant la poussé e5 et parfois f5. Le plan avec 5.a4 donne alors des parties plus positionnelles.
Un coup qui a beaucoup été joué par le grand maître serbe Borislav Ivkov4. Comparé au coup …c6, le coup …a6 n’obstrue pas la diagonale a8-h1. En cas de poussé en b5 par les noirs, le fou de case blanche pourra être placé en b7 où il sera plus actif. Aussi, le pion c n’est plus occupé à soutenir le pion b5, comme c’était le cas dans la variante 4…c6. On pourra alors, plus tard dans la partie, se servir du pion c pour ouvrir le centre en jouant …c5 et éventuellement placer le cavalier en c6.
Les blancs peuvent décider de d’abord jouer leur pion c avant de placer leur cavalier en c3. Les parties obtenues transposent très souvent dans des positions de la défense Est-indienne.
Ce système n’a pas de nom. Les blancs veulent consolider le centre tout en limitant l’action du fou g7 sur la grande diagonale a1-h8. Si les noirs jouent 3…d6, les blancs jouent en général 4.f4 pour retomber dans des positions de l’attaque des trois pions. Sinon, les noirs ont la possibilité d’éviter l’attaque des trois pions en jouant 3…d5 pour attaquer le centre. Habituellement, dans les ouvertures où les noirs attaquent rapidement le centre avec …d5, ils perdraient un tempo après exd5 Dxd5 et Cc3 qui attaquerait la dame noire. Ici cependant, les blancs sont privés du mouvement Cc3 car la case c3 est occupé par un pion. Après 3…d5, les blancs ont trois principales réponses.
Les blancs veulent limiter d’avantage l’action du fou en g7. Mais cette avance prématurée va permettre aux noirs d’avoir du jeu sur la chaîne de pion des blancs.
Au lieu de répondre 5.f4, le meilleur coup est simplement de se développer avec 5.Cf3. Dans cette position, les noirs ont parfois du mal mettre en place leur plan (à savoir, cibler le pion d4). Par exemple 5…Cc6 6.Fb5(menace de prendre en c5 sans que les blancs puissent reprendre en e5) 6…cxd4 7.cxd4 Fd7 8.Cc3 avec une position fermée et peu de chance pour les noirs d’avoir de l’initiative. Par conséquent, il est préférable d’attaquer la chaîne de pion avec …f6 :
Une idée du grand maître Pal Benko était de jouer 5.Fe2 pour ensuite placer le fou sur la diagonale a8-h1 tout en attaquant la dame. Mais le coup plus commun est 5.Cf3 avec quatre réponses pour les blancs : 5…c5, 5…Fg5, 5.Cf6 ou 5…Ch6. Parmi les quatre réponses possibles, 5…c5 est probablement la plus active et c’est la seule ligne qui profite de la position de la dame en d5. La position obtenue ressemble beaucoup à la variante Keres de l’ouverture anglaise avec les couleurs opposées : 1.c4 e5 2.Cc3 Cf6 3.g3 c6 4.d4 exd4 5.Dxd4 d5. Cette dernière position est considérée comme légèrement inférieure pour les blancs. Alors pourquoi les noirs ne sont pas clairement inférieur s’ils ont un temps de moins ? Le temps de moins fait que les noirs n’ont pas encore développé leur cavalier en c6 tandis que dans certaines positions de la variante Keres de l’ouverture anglaise, le cavalier en c3 peut se faire déloger par une poussée …d4. Le meilleur coup pour que les blancs puisse obtenir un avantage est probablement de prendre le pion 6.dxc5. Objectivement, il est préférable pour les noirs de ne pas reprendre de la dame 6…Dxc5 puisque après 7.Fe3 Dc7, la position est défendable mais les blancs ont un petit avantage de développement. Au lieu de ça, les blancs peuvent laisser le pion : 6…Dxd1 7.Rxd1 Cf6 8.Fe3 O-O 9.Cbd2 Td8 10.Fc4 Cg4 avec suffisamment de contre-jeu et éventuellement un gain des noirs.
Ce coup est destiné à maintenir la tension au centre. Aussi, cela évite la fermeture du centre 4.e5 et la simplification du centre 4.exd5. Avant de voir la prise au centre, notons que les noirs peuvent tenter le coup 4…c5qui attaque directement le centre. 5.dxc5 Cf6 ; et maintenant les blancs peuvent jouer 6.Cb3 pour entrer en finale avec un pion de plus. Sinon 6.Cf3 O-O 7.Fc4 Dxc5 =.
Mais la stratégie de prendre le pion 4…dxe4 5.Cxe4 Cd7 comme dans la défense Caro-Kann est une décision solide. À noter que les coups 5…Dd5 6.Cd2 transposent dans la variante précédente où les blancs prennent en d5 au quatrième coup. Comme dans la variante Smyslov de la défense Caro-Kann, les noirs veulent placer leur cavalier g en f6 pour l’échanger contre le cavalier blanc en e4. Les blancs peuvent empêcher les noirs de placer leur cavalier g en f6.
7.Cg5 e6 8.Cf3 ; les noirs ne peuvent pas jouer h6 : 8…h6 ? 9.Cxf7 ! Rxf7 10.Ce5+ Re8 11.Cxg6 Th7 12.O-O. Les blancs ont sacrifié un cavalier pour deux pions mais ils ont beaucoup d’initiative, une avance de développement et les noirs sont déroqués. La suite idéale est 8…Ce7 9.Ce5 O-O et cette fois ci, les noirs pourrons jouer h6 au coup suivant sur presque toute réponse des blancs.
7.Cc5 e6 8.Df3 (attaque b7) 8…Cd5 et la position obtenue est égale ; les noirs vont jouer ….Cge7 et petit roque. Le coup 7…b6 est une erreur à cause de 8.Da4+ Rc8 et les noirs sont déroqués. En effet, sur n’importe quel autre coup que 8…Rc8, les noirs sont perdants : 8…Cd7 9.Dc6 Tb8 10.Fxf7+ Rxf7 11.Ce6 De8 12.Cxc7 Dd8 13.Ce6 De8 14.Cf3 (menace mat en deux coups avec Cg5+ suivit de Df3 mat). Sinon, 8…Fd7 9.Cxd7 Cxd7 10.Fd5 Tb8 11.Cf3 et les blancs ont un avantage d’espace, de développement et d’initiative.
Un exemple de défense moderne est la partie suivante :
Mikhaïl Tal–Georgi Tringov, Interzonal d’Amsterdam (Pays-Bas), 1964
1. e4 g6 2. d4 Fg7 3. Cc3 d6 4. Cf3 c6 5. Fg5 Db6 6. Dd2! Dxb2?! 7. Tb1 Da3 8. Fc4 Da5 9. o-o e6?! (9…Cd7) 10. Tfe1 a6 11. Ff4 e5? (11…Dc7!) 12. dxe5 dxe5 13. Dd6!! Dxc3? (le moindre mal était 13…Ff8 14. Dxe5+ Dxe5 15. Cxe5; sur 13…exd4, Tal pouvait continuer par 14. Cd5! Cd7 15. Cg5 Ce5 16. Cc7+ Dxc7 17. Dxc7) 14. Ted1 Cd7?? (14…Ff6!) 15. Fxf7+! (visant le mat) Rxf7 16. Cg5+ Re8 17. De6+ 1-0 (car le mat est inévitable: si 17…Ce7, alors 18. Df7+ Rd8 19. Ce6#, et si 17…Rd8, alors 18. Cf7+ Rc7 19. Dd6#).
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