La défense Alekhine est une ouverture du jeu d’échecs, nommée ainsi en hommage au joueur franco-russe Alexandre Alekhine, qui l’employa en 1921. Si le prestige d’Alekhine a rejailli sur cette défense, plusieurs maîtres ont étudié et pratiqué cette ouverture bien avant lui. De plus, Alekhine ne l’a pas jouée souvent.
Cette ouverture fut longtemps considérée comme mauvaise pour les Noirs jusqu’à ce que Bobby Fischer l’employât deux fois avec succès lors de son match du championnat du monde de 1972 à Reykjavik (Islande), face à Boris Spassky. Il gagna une fois et fit nulle à l’autre partie. Elle est peu jouée en compétition de haut niveau car, si elle permet aux blancs d’avoir assez facilement une bonne position, les noirs ne peuvent espérer mieux que l’égalité3. Néanmoins, les possibilités d’égalisation des Noirs sont réelles, même s’ils souffrent pendant la partie d’un désavantage d’espace qu’ils doivent supporter « avec patience et optimisme » en attendant de pouvoir attaquer au moment qui sera propice.
Idée générale
Les coups composant l’ouverture sont les suivants : 1. e4 Cf6. Ce coup des noirs invite les Blancs à avancer leurs pions pour les attaquer par la suite ou s’en servir afin de créer du contre-jeu. La philosophie de la défense Alekhine est d’inciter les Blancs à se créer un centre de pions avancés au détriment du développement. Les Noirs, en avance de développement, pourront alors attaquer le centre blanc vulnérable.
Après 1. e4 Cf6, les Blancs poursuivent donc normalement par 2. e5.
À l’inverse, défendre le pion e4 donne aux Noirs une partie assez simple :
- 1. e4 Cf6 2. Cc3 e5 transpose dans la partie viennoise ;
- 1. e4 Cf6 2. Cc3 d5 reste dans l’Alekhine proprement dite. Cette variante permet facilement l’égalité. Ces deux options posent peu de problèmes aux Noirs.
- 1. e4 Cf6 2. d3 d5 3. e5 Cfd7 4. f4 c5, variante qui permet à terme aux Noirs de se développer à l’aile Dame ou d’attaquer le centre blanc par f7-f6.
Deux parties notoires
Boris Spassky–Bobby Fischer, championnat du monde de 1972, Reykjavik, 19e partie
- e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. d4 d6 4. Cf3 4…Fg4 5. Fe2 e6 6. o-o Fe7 7. h3 Fh5 8. c4 Cb6 9. Cc3 o-o 10. Fe3 d5 11. c5 Fxf3 12. Fxf3 Cc4 13. b3!13…Cxe3 14. fxe3 b6 15. e4! c6 16. b4 bxc5 17. bxc5 Da5 18. Cxd5!! Fg5 19. Fh5?19…cxd5 20. Fxf7+ Txf7 21. Txf7 Dd2! 22. Dxd2 Fxd2 23. Taf1 Cc6 24. exd5 exd5 25. Td7 Fe3+ 26. Rh1 Fxd4 27. e6 Fe5! 28. Txd5 Te8 29. Te1 Txe6 30. Td6 Rf7! 31. Txc6 Txc6 32. Txe5 Rf6 33. Td5 Re6 34. Th5 h6 35. Rh2 Ta6 36. c6 Txc6 (36…Txa2? 37. Tc5) 37. Ta5 a6 38. Rg3 Rf6 39. Rf3 Tc3+ 40. Rf2 Tc2+ ½-½.
La partie en consultation suivante présente la variante dénommée Voronezh, nom d’une ville de Sibérie. Cette partie oppose Anatoli Karpov avec Grigori Sanakoïev d’une part et les lecteurs du journal Kommuna Voronezh d’autre part (1995-1996) :
- e4 Cf6 2. e5 Cd5 3. d4 d6 4. c4 Cb6 5. exd6 cxd6 6. Cc3 g6 7. Fe3 Fg7 8. Tc1!8…0-0 9. b3! 9…Cc6. 10. d5! Ce5 11. Fe2!11…f5 12. f4 Cg4 13. Fxg4 fxg4 14. Cge2 Cd7 15. 0-0 Cf6 16. Cd4 Ce8 17. Ce4 Fh8 18. De1 Cg7 19. Df2 a6 20. Tfe1 Cf5 21. Cxf5 Fxf5 (21…gxf5 22. Fb6! Dd7 23. Cg5) 22. Fb6 Dd7 23. Cg5 h6 24. Ce6 Tf7 25. Te3 Tc8 26. Tce1 Ff6 27. a4 Th7 28. a5 Tf7 29. Fd4 Rh7 30. Fxf6 exf6 31. De2 Tg8 32. Cd4 Tgg7 33. Te6! Dc7 34. Cxf5 gxf5 35. De3 Rg6 36. Db6! Dxb6+ 37. axb6 Td7 38. Rf2 Tgf7 39. Re3 Tf8 40. Rd4 Rf7 41. b4 Tfd8 42. T1e3 h5 43. Te1! h4 44. T1e3 a5 45. bxa5 Ta8 46. Ta3 Tdd8 47. a6 bxa6 48. Txd6! Txd6 49. c5 Tdd8 50. b7 Tab8 51. c6 Re7 52. Rc5! 1-0.
De fait, la variante Voronezh a mis à mal la réputation de la ligne 5…cxd6, conduisant de nombreux joueurs à opter pour la ligne moins subtile mais plus solide 5…exd6, même si cette dernière variante offre moins de possibilités de contre-jeu.